L’ONG RAPAA sensibilise le grand public sur les dangers de l’addiction aux jeux de hasard et d’argent
Souvent considéré comme une activité de loisir ou de détente, le jeu peut rapidement devenir une source de souffrance. En effet, les jeux de hasard et d’argent peuvent donner lieu à une addiction, une pathologie caractérisée par une incapacité à résister à l’impulsion de jouer malgré les conséquences négatives que cela engendre. Cette dépendance est une addiction dite comportementale. Elle est établie dès lors que le jeu ne se limite plus au simple plaisir. Devenue excessive, la pratique du jeu n’est plus adaptée à la vie quotidienne, elle se répète et persiste au point de devenir la seule préoccupation du joueur. L’intéressé devient alors un joueur pathologique.
Consciente du danger que représente l’addiction aux jeux et pour renforcer la prévention sur ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, l’ONG RAPAA a animé le lundi 29 novembre 2021 sur la radio Pyramide FM une émission sur le thème « Addiction aux jeux de hasard et d’argent ». Au cours de cette émission, le Dr. Zinsou Sélom Degboe, psychologue clinicien, Responsable du volet Recherche et Etudes à RAPAA, spécialiste des addictions aux jeux a été reçu par le journaliste Julien EVEGNON pour parler de ce problème de société et de ses conséquences.
Dr. Degboe a d’abord défini le jeu de hasard et d’argent comme tout jeu impliquant une mise irréversible (argent ou objet), et dont le résultat dépend complètement ou en grande partie du hasard. Sous le vocable jeux de hasard, se retrouvent les jeux d’argent, les jeux de grattage (loterie), les paris turfistes, les paris sportifs, les machines à sous… La pratique répétée de ces jeux crée la dépendance chez les joueurs. Le jeu pathologique se caractérise comme un trouble comportemental progressif et chronique
Pour le Dr. Degboe, la pratique addictive aux jeux de hasard est bien réelle dans notre société et touche toutes les couches et franges sociales. Pour ce qui est de l’âge des joueurs, l’observation de terrain montre que les jeunes comme les adultes fréquentent les sites de jeux de hasard. La pratique concerne toutes les personnes quel que soit leur genre (hommes et femmes), leur niveau d’études (du primaire au doctorat), leurs confessions religieuses, leur statut matrimonial (célibataires, mariées ou divorcées). En général, ces personnes, jouent dans l’espoir de gagner et c’est ce cycle de gain et de perte qui entraine la dépendance psychique.
Comme pour toute addiction, il existe plusieurs facteurs de risques qui prédisposent les joueurs : les facteurs génétiques qui sont des antécédents de joueurs pathologiques dans la famille ; les facteurs physiologiques notamment les troubles psychiatriques : troubles de la personnalité (la personnalité compulsive), troubles dépressifs et bipolaires, troubles liés à l’usage d’une substance psychoactive en particulier l’alcool ; les facteurs environnementaux, il s’agit entre autres de la précarité, du chômage, de la pression sociale… Ainsi, le Docteur Degboe a montré l’impact de la pandémie du COVID-19 sur les comportements addictifs aux jeux de hasard et d’argent. Les difficultés socio-économiques et psychologiques engendrées par le COVID-19 (confinement, perte d’emploi, manque de ressources financières…) ont poussé certains à s’adonner aux jeux d’argent
Les conséquences de l’addiction aux jeux de hasard ont été évoquées. Celles-ci peuvent être psychiques, professionnelles, socio-économiques. Dans le trouble lié au jeu d’argent, les dommages financiers sont particulièrement importants conduisant à des endettements. Les relations avec la famille et les amis sont souvent perturbées. Cette addiction a des retombées sur la vie professionnelle comme l’absentéisme, ou la baisse de la qualité du travail, et a un impact sur les performances scolaires. L’état de santé général des personnes ayant un trouble lié au jeu d’argent est souvent précaire (problèmes cardiaques).
Cette émission a également permis de comprendre le degré élevé de comorbidité en lien avec les problèmes de jeu. Les troubles associés les plus souvent décrits sont l’addiction aux substances psychoactives, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les troubles de la personnalité.
L’addiction aux jeux de hasard et d’argent étant une maladie, elle nécessite une prise en charge adéquate pour aider le joueur pathologique à sortir de sa dépendance. Selon le spécialiste de RAPAA, la prise en charge repose sur une approche individuelle qui nécessite plusieurs entretiens motivationnels. Parfois, une approche familiale est également indispensable, puisque les conséquences de cette activité pèsent lourdement sur la famille. Le suivi peut aussi nécessiter une prise en charge sociale dans la mesure où le joueur pathologique a perdu toute autonomie financière et qu’il connaît des difficultés de réinsertion. Enfin, lorsque l’intensité addictive est extrême et que le joueur pathologique est gravement dépressif, la prise en charge peut également être médicale.
En fin d’émission, de précieux conseils ont été prodigués aux auditeurs. La pratique des jeux de hasard et d’argent peut entrainer chez le joueur une maladie mentale qui est l’addiction comportementale avec des complications dans toutes les sphères de la vie. Il faut donc en prendre conscience pour ne pas s’y adonner et tomber dans cette spirale négative. Pour ceux qui souffrent d’une addiction aux jeux, il est important de solliciter l’appui de spécialistes. Pour cela, le centre d’écoute de l’ONG RAPAA est ouvert tous les jours de lundi à vendredi de 8 heures à 16 heures et les samedis de 8 heures à 12 heures, au quartier Tokoin Super-Taco.
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