La consommation des substances psychoactives par la jeunesse est devenue est un phénomène très inquiétant : l’ONG RAPAA s’exprime sur ce sujet d’un reportage dans le journal diffusé sur la radio Zéphyr Fm
Docteur Degboe Zinsou Selom, Psychologue, Responsable du volet Recherche et Etudes de l’ONG RAPAA, a répondu aux questions de la radio Zéphyr sur le phénomène préoccupant de la consommation de substances par les jeunes lors d’un reportage d’un journal diffusé le 18 février 2022.
Quelles sont les conséquences directes et indirectes de la consommation de ces substances ?
Les conséquences sont très nombreuses et surtout touchent différents domaines.
Consommer des substances a des effets sur la santé physique de la personne, se caractérise par des troubles du sommeil, de l’appétit, pouvant conduire à des problèmes plus sérieux tels que les problèmes pulmonaires, cardiaques… L’addiction aux substances est une cause de mortalité (cancers, overdose, la mort…)
Consommer des substances a des effets sur la santé mentale qui se traduisent par un manque de concentration, des sauts d’humeur, des attitudes de repli d’isolement ou encore des comportements agressifs. Ces problèmes de santé mentale peuvent devenir plus graves telles : la dépression, la schizophrénie, les troubles bipolaires, les comportements suicidaires.
Consommer des substances a des effets sur la scolarité, les études, la vie professionnelle. Contrairement, à ce que beaucoup de jeunes pensent faire usage des substances limite les performances intellectuelles, ce qui se traduit par un manque d’attention, de concentration, de motivation avec pour conséquences une baisse des notes, un absentéisme, un manque de résultats, des redoublements, un abandon des études voire pour certains l’incapacité de reprendre des activités intellectuelles.
Consommer des substances a des effets sur la vie en famille avec des conflits familiaux pouvant aller jusqu’à la désinsertion familiale et sociale. Les difficultés à élever un enfant qui fait usage de substances peuvent déstabiliser les familles (divorces, dépression des parents.)
Consommer des substances accentue les problèmes sociaux : délinquance, vols, commerce sexuel pour se procurer les substances, violences physiques sexuelles avec le cortège de conséquences (traumatismes, grossesses non désirées, abandons scolaires). Les accidents domestiques et de route, causés par l’usage de substances sont nombreux chez les jeunes. Consommer des substances conduit à se mettre en conflit avec la loi (incarcération des mineurs).
Consommer des substances a des incidences économiques lourdes avec un coût financier et social pour la famille, pour la communauté, pour l’Etat : coût des soins de santé, de l’invalidité, de la morbidité, de justice.
Les liens sont établis entre la consommation de substances et certains mouvements extrémistes ou courants fanatiques qui enrôlent les jeunes et déstabilisent les états.
C’est dire que l’usage des produits psychoactifs affecte l’individu, mais aussi la famille, les communautés, les Etats… avec des méfaits directs et indirects très nombreux.
Comment amener les jeunes à ne plus faire usage des substances psychoactives ?
Les actions doivent d’abord se faire en direction de la jeunesse en informant les jeunes sur les dangers encourus et sur les conséquences de la consommation de substances à travers de larges programmes de prévention. Les slogans de l’ONUDC « Ecouter d’abord les jeunes, informer sur la consommation de drogue, c’est sauver des vies le rappellent… » C’est ce que fait RAPAA par des activités de sensibilisation pour le grand public et pour les jeunes : élèves, étudiants, apprentis, sportifs, mais aussi enfants déshérités dans les foyers et orphelinats, mineurs détenus, enfants de la rue.
Il s’agit aussi de donner des compétences de vie aux jeunes, de leur expliquer COMMENT ne pas tomber dans le piège des substances, COMMENT dire non ! Il s’agit d’amener les jeunes, à rechercher des informations fiables et pertinentes, à faire attention à leurs fréquentations, à avoir des activités sportives, culturelles, artistiques, à donner un sens à leur vie, trouver leur mission, avoir des projets, des ambitions, des rêves.
Il faut parallèlement responsabiliser les parents. Les adultes doivent s’occuper des enfants, des jeunes, leur consacrer du temps de l’attention… suivre leur scolarité, s’intéresser à leurs fréquentations, s’informer sur tous les thèmes intéressant les jeunes et communiquer avec eux, leur montrer le bon exemple et surtout leur transmettre des valeurs et principes, une certaine rigueur.
Il convient aussi d’informer et former les personnes en charge de l’éducation des jeunes notamment les directeurs d’établissements, le corps enseignant, les responsables des centres accueillant des jeunes afin que ces éducateurs aient une fonction d’écoute, d’information, d’alerte et de référencement.
Il s’agit aussi que les autorités, les décideurs, les responsables communautaires et nationaux s’intéressent à la jeunesse, facilitent la participation des jeunes au développement, leur donnent la parole, mettent l’accent sur l’emploi des jeunes et initient des programmes d’insertion professionnelle, développent des activités sociales, culturelles et sportives pour les jeunes dans les zones rurales et urbaines, accordent de l’attention et donnent de l’espoir aux jeunes.
Diminuer l’usage des substances par la jeunesse nécessite donc une mobilisation de tous les acteurs.
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